Mon Cher Frère Gary,
Mgr Roland Minnerath, évêque du diocèse de Dijon, informait les fidèles de sa décision d’expulser la Fraternité Saint Pierre. La raison invoquée est : Que ses prêtres ont refusé de concélébrer à la demande de l’ordinaire afin de marquer l’unité de l’Église. Leur expulsion est justifiée[1].
Je suis stupéfait de leur inintelligence à la situation présente et de leur fixation dans un quant-à-soi toujours aussi opposé et blessant pour la charité.
Il est regrettable que les fraternités traditionnelles, identifiées par l’usage du rite extraordinaire selon le missel de 1962, en soient encore à des crispations idéologiques au sujet de la liturgie, sans se préoccuper des souffrances infligées au Peuple de Dieu, ni du contre-témoignage qu’ils infligent à la face du monde. Il faut savoir que certains de leurs prêtres, comme j’ai pu le constater lors des célébrations de Pâques ne respectent pas la réforme du missel de Jean XXIII alors qu’ils en ont l’obligation, et appliquent des dispositions liturgiques qui remontent soit au Concile de Trente, soit antérieurement à celui-ci, au point de créer une confusion telle que le célébrant a confondu les rubriques et les prières.
La demande de concélébration de Mgr Minnerath n’induisait pas que la dite fraternité cessât la célébration liturgique de rite extraordinaire, mais bien d’exprimer une unité fondée, dépassant les particularismes, témoignant ainsi d’une charité réelle.
Pour mémoire, je rappelle que les fondateurs de la Fraternité Saint Pierre rejoignaient l’unité au Pape à la suite du schisme posé par Mgr Lefebvre à l’occasion de l’ordination des évêques à leur demande. J’ai bien connu certains des acteurs de cette décision, et j’ai compris que leur retour à la communion au Saint Siège était dû moins à la nécessité qu’aux frustrations personnelles, mais sans aucune volonté d’assouplir leur position. Leur retour à la communion au Pape était à leur demande, ils devaient envisager à ce qu’il leur soit demandé des actes positifs d’unité. La concélébration est une disposition liturgique qui remonte aux premiers siècles de l’Église, et qui a toujours eu pour sens d’exprimer l’unité.
Il semble impossible de faire d’un âne un cheval.
Dans son explication au sujet des nouvelles dispositions pour les célébrations liturgiques en la basilique Saint Pierre, le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique, rappelle que cette nouvelle organisation : «constitue une occasion de rappeler le sens et la valeur de la concélébration eucharistique qui, comme l'ont rappelé les Pères lors du dernier Concile, fait partie du sillon de la Tradition de l'Église» et que les célébrations selon la Constitution Sacrosanctum Concilium : , «ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est ‘le sacrement de l’unité’, c’est-à-dire le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité des évêques».
Le Pape François, en demandant la réforme des dispositions liturgiques en la basilique Saint Pierre, a posé un acte qui, loin d’envisager la suppression de l’autorisation du rite extraordinaire, veut que ces courants traditionnels soient mieux encrés dans l’unité de l’Église. Cet acte pétrinien participe à la volonté de disposer que le Corps Mystique du Christ et plus largement le Peuple de Dieu dans toutes ses composantes soient consolidés dans la Charité en vue des évènements de purification qui ne sont plus retardés. L’une des étapes de ses dispositions et d’amener chacun à se positionner dans l’Église, ce qui va amener à de douloureuses mais indispensables ruptures, étant entendu que les préliminaires à la moisson et de séparer l’ivraie du bon grain.
Que faut-il conclure de cette nouvelle confrontation liturgique et idéologique puisque les responsables de la Fraternité soutiennent leurs confrères ?
Elle annonce la consommation d’un nouveau schisme avec le Saint Siège, suivi d’une fracture à l’intérieur de ces mouvances traditionalistes. Mais plus profondément encore, ce refus d’exprimer l’unité de l’Église dans sa diversité signifie que la Fraternité Saint Pierre ne croit pas à la validité de la messe selon la réforme du Concile Vatican II aussi, il nous semble fondé de s’interroger sur la sincérité des courants traditionnels qui ont rejoint la communion avec Pierre et donc sur la validité de leur messe et des sacrements qu’ils confèrent, puisque leur intention n’est pas installée dans une pleine communion. Il faut donc considérer que leur pouvoir sacramentel n’accomplit pas l’intention plénière du Christ Jésus, intention qui passe par le Saint Père, successeur légitime de Pierre.
L’intention du Pape François est de disposer que tous les catholiques fidèles puissent affronter sans trop de dommage les évènements de la grande purification, c’est pourquoi ce pontificat est si difficile à comprendre dans certains de ses actes pétriniens. Mais il est clair que le Pape fait en sorte que les taupes soient identifiées pour permettre aux fidèles de discerner qui suivre. Séparer l’ivraie du bon grain.
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[1] - Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre – Dijon : pour remettre les choses en perspective, le Diocèse souhaite apporter quelques précisions.
1. FSSP le cahier des charges
La Fraternité Saint-Pierre (société de prêtres attachés au rite antérieur au concile Vatican II) a été accueillie dans le diocèse de Dijon en 1998 pour répondre aux demandes de quelques fidèles d’avoir la messe selon la tradition antérieure au concile Vatican II.
Il avait été convenu que le prêtre de la Fraternité devrait aussi célébrer de temps en temps avec les autres prêtres pour qu’il n’y ait pas séparation étanche entre les deux rites.
Après le départ du premier prêtre de la Fraternité en 2007 le diocèse voulait assurer lui-même ces célébrations dans l’ancien rite avec des prêtres diocésains. Le projet n’a pu se réaliser et il fut précisé à la Fraternité qu’un autre de leurs prêtres pourrait venir à Dijon à condition de ne pas refuser de concélébrer occasionnellement avec ses confrères diocésains.
Nommé en 2007, l’abbé Garban a rempli tout naturellement cette condition. Son Supérieur voulait le transférer ailleurs dès 2010. Nous avons insisté pour avoir un prêtre prêt à concélébrer. Ne lui ayant pas trouvé de remplaçant à cette condition, le Supérieur l’a prolongé jusqu’en 2016.
Depuis lors les abbés nommés par la Fraternité se refusent à ce geste de communion sacerdotale et sacramentelle. Une telle attitude est révélatrice d’une conception de leur ministère que nous ne partageons pas. L’ancien rite ne doit pas créer une communauté parallèle. Les prêtres doivent être libres de célébrer dans l’un et l’autre rite, et les fidèles font toujours partie de leur paroisse territoriale.
2. Les fidèles leur sont attachés
Les prêtres de la Fraternité ont peu à peu développé d’une manière autonome une pastorale quasi-paroissiale, ce qui va au-delà du cahier des charges de notre accord initial. Depuis 2017 ils sont même deux prêtres à se partager l’assistance d’un petit groupe de fidèles. Petit à petit ce groupe s’est consolidé autour d’eux puisqu’ils leur prodiguaient en fait tous les services normalement assurés par les paroisses.
On comprend cet attachement. Une partie des fidèles va facilement d’un rite à l’autre. Une autre partie n’admet pas la messe ordinaire et rejette ce qu’ils appellent « l’Église conciliaire ». L’autorité diocésaine doit veiller à ce que la communauté catholique ne soit pas divisée. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de rite, mais de rite exclusif et de communauté séparée.
3. Proposition
Le blocage vient de l’attitude de la FSSP qui a exclu que ses prêtres célèbrent dans le rite ordinaire. Les fidèles ne comprennent pas ce blocage et se disent victimes de cet endurcissement. Le Supérieur de la Fraternité a nommé deux prêtres alors que nous en avions demandé un seul. La FSSP impose la formation d’une communauté dont une partie (les messages diffusés récemment le montrent) jette la suspicion sur l’Église diocésaine.
Comme aujourd’hui un prêtre diocésain, assisté par d’autres, s’est dit prêt à assurer le ministère selon le rite ancien auprès de cette communauté, nous restons cohérents avec la ligne que le diocèse a observée depuis 23 ans. La messe selon le rite ancien sera assurée et les services de catéchèse, aumônerie, patronage, préparation aux sacrements seront proposés par les paroisses, en particulier celles proches de Fontaine-lès-Dijon et de Dijon-Saint Bernard.
Si les prêtres de la Fraternité avaient accepté, comme leur prédécesseur, de marquer leur unité avec nous au moins dans quelques concélébrations et s’ils ne considéraient pas leur groupe de fidèles comme leur domaine exclusif, nous nous serions réjouis de leur contribution.
Je suis stupéfait et consterné par ta lettre. Elle témoigne d'une méconnaissance totale de la raison d'être et du sens de la messe. La concélébration est en soi une absence de charité, et non l'inverse!!!!!!! Pour le reste, tu cautionnes le chantage de cet évêque moderniste qui cherchait tout simplement querelle à une fraternité qui attire des jeunes et des familles, contrairement aux diverses paroisses protestantisées. Ta prose montre que tu ne comprends vraiment rien à la problématique que tu évoques.