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ARISTOTE
DE LA QUÊTE DE LA VÉRITÉ
À
LA SAGESSE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Qu'est-ce que l'homme ? Une question qui, pour beaucoup, n'est plus d'actualité. En effet, chacun a sa réponse, en fonction de son opinion : l'individualisme, le relativisme, le rationalisme, le libéralisme, l'athéisme, le matérialisme scientifique. De nos jours, rares sont ceux qui peuvent y répondre pleinement, dans notre époque sinistrée spirituellement et moralement. L'homme est, pourtant, un projet de vérité et d'amour.
Mon propos est de retrouver ma place, non dans une société qui se perd, et se confronte au danger d'une implosion universelle, mais au sein de la création et dans l'intimité du cœur, afin de restaurer mon unité intérieure. Je revisite donc mes certitudes par la raison en recherchant la vérité du réel et révélée. Je me réapproprie mon identité d'homme face à la déraison de ma société. La place que je recherche est celle éclairée la loi naturelle et illuminée la lumière divine.
Je refuse le désespoir comme norme culturelle. La Providence divine ordonne toute chose vers le bien supérieur, même le mal ; ainsi, retrouver ma place ne peut être que répondre à l'appel constant de Dieu. C'est un chemin de vérité et d'amour sur lequel je m'engage, en entraînant avec moi mes frères, car l'acte humain agit sur tous, quelle que soit mon intention. Je ne me méprise, ni je me juge. La grandeur en moi, n'est mienne que dans la mesure où je reconnais et que j'accepte qu'elle soit d'abord celle de Dieu, Cause Première de ma liberté. Je suis un projet de vérité et d'amour.
DE LA VÉRITÉ
Introduction
L'homme, je le démontrerai, est ordonné à la vérité. Je suis chrétien de confession catholique, la vérité est une Personne : Jésus-Christ. La foi, l'espérance et la charité reçues à mon baptême ne me dispensent pas de la rechercher, non seulement en la Personne de Jésus-Christ, mais aussi dans toute l'œuvre de la création. Il m'appartient de m'y engager ou de la repousser ; cependant, en tant que baptisé, je commettrai une faute grave en refusant d'entreprendre cette quête selon les moyens et les dispositions que la Providence a placés en moi. Ainsi, je réponds à ce pourquoi je suis ordonné : à la vérité.
Dans mon propos, j'aborderai la question de la raison, car sans elle, la foi, la Révélation et la philosophie manquent de cohérence, tout comme mon témoignage. Ces trois piliers m'aident en effet à devenir ce que Dieu attend de moi : Lui permettre de réaliser en moi son image et sa ressemblance.
Il n'est pas légitime que des "Saint-Just" de la pensée unique me refusent l'usage de la raison sous le prétexte que ma foi serait incompatible. Bêtise et l'intelligence se sont toujours affrontées depuis le début de l'histoire. La philosophie n'est-elle pas, avant tout, un outil dans ma quête de la sagesse ?
Dans l'antiquité grecque et romaine, les philosophes considéraient la philosophie comme le contenant et le lien des sciences. Ils en avaient fait leur outil pour leur recherche de sens de la vie en commençant par l'observation du monde créé, le réel. Elle était leur outil dans la recherche du sens de la vie, en commençant par l'observation du créé, le réel.
La scolastique a démontré l'usage parfait de la raison. Elle a su s'approprier le meilleur des courants philosophiques de l'Antiquité pour comprendre et éclairer la substance de la Révélation, notamment le mystère de Dieu et de l'homme. Ce courant débute avec saint Justin le philosophe ou Justin de Naplouse, se structure par le travail de saint Anselme de Cantorbéry[1], et atteint son apogée avec saint Thomas d'Aquin.
La vérité est lumière
La vérité est intrinsèque à l'homme. Elle illumine tous les domaines de la création visible et invisible. Elle est lumière. Elle me relie à moi-même et à mon prochain, son principe étant en Dieu, en Jésus-Christ, le Verbe. Sa recherche est inhérente à l'homme, qui est créé à son image et à sa ressemblance. Je témoigne donc de la vérité en rendant compte de mon espérance : "Soyez toujours prêts à rendre raison de l'espérance qui est en vous." Elle me conduit à m'interroger sur les causes de la création, par laquelle l'invisible se laisse toucher.
J'entretiens une relation substantielle avec elle, non seulement à travers mes interactions avec la création, mais aussi en reconnaissant les multiples facettes par lesquelles la vérité se révèle ; sachant que chaque objet ou sujet observé exprime l'autorité de l'éclat de vérité qu'il contient : par exemple, un caillou est un minéral, qui est aussi sa substance, elle lui donne son identité. Le minéral est la substance du caillou, tandis que le caillou est de l'ordre de l'accident.
Mes interrelations avec le créé et mon prochain me révèlent que la vérité et l'amour en sont les fondements, m'éduquant à l'intelligence de la loi naturelle et de la loi morale. La vérité participe à la conscience de ma propre existence, car elle me permet de discerner l'originalité de ma personne par apport à mon environnement. Elle me structure intérieurement.
En tant que fidèle de Jésus-Christ, je m'offre à Dieu pour qu'Il me configure à la Vérité qu'Il est : "La vérité éclaire l'intelligence et donne forme à la liberté de l'homme, qui, de cette manière, est amené à connaître et à aimer le Seigneur. Les hommes deviennent lumière dans le Seigneur et enfants de la lumière, et ils se sanctifient par l'obéissance à la vérité[2]." "Nous ferons en lui notre demeure."
Sagesse et vérité
Toutefois, il ne me suffit pas d'accepter la Révélation – la foi du charbonnier – ; il me faut continuer de rechercher la vérité au moyen du créé, une démarche soutenue par la grâce. Ma recherche de la sagesse passe par l'acceptation de l'autorité de la vérité de l'objet étudié, l'autorité du réel. Dieu m'enseigne par sa création, qu'Il m'ordonne de soumettre. C'est la condition pour atteindre la sagesse naturelle et permettre à la Sagesse surnaturelle de me rejoindre. Il ne s'agit pas de volontarisme ; même si ma volonté est sollicitée en tant que disposition intérieure, car la sagesse surnaturelle ne se conquière pas, elle vient à moi : "Il est nécessaire d'accomplir un pas supplémentaire. L'homme veut connaître – il veut la vérité. La vérité est avant tout un élément en relation avec le fait de voir, de comprendre, avec la theoria, comme l'appelle la tradition grecque. En établissant une corrélation entre les Béatitudes du Discours sur la Montagne et les dons de l'Esprit mentionnés dans Isaïe 11, Augustin a affirmé une réciprocité entre 'scientia' et 'tristitia' : le simple savoir, dit-il, rend triste. Mais la vérité signifie davantage que le savoir : la connaissance de la vérité a pour objectif la connaissance du bien. Tel est le sens de l'interrogation socratique : quel est le bien qui nous rend vrais ? La vérité nous rend bons, et la bonté est vraie : tel est l'optimisme qui est contenu dans la foi chrétienne, car à celle-ci a été accordée la vision du Logos, de la Raison créatrice qui, dans l'Incarnation de Dieu, s'est en même temps révélée comme le Bien, comme la Bonté elle-même[3] ".
L'homme : acteur de l'accomplissement
Tout homme est acteur de l'accomplissement des temps, qu'il le veuille ou non, mais le fidèle en porte une responsabilité plus grande. Tandis que le monde s'enferme dans le rejet de la vérité, refuse la miséricorde, et provoque la justice divine, le fidèle est la torche des trois vertus théologales. Plus encore, il ne peut cesser de témoigner de la vérité, telle qu'elle lui ait révélée depuis Moïse : " La vérité vous rendra libres. Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre[4]." Le mendiant de la vérité fait entendre l'appel du Seigneur sur la Croix : "J'attirerai tous les hommes à moi." Si je venais à me détourner d'elle, je m'assujettirais aux puissances du mal et cesserais d'être fécond dans l'ordre de l'amour.
Ma génération négocie un virage décisif et conclusif de l'histoire. Elle subit les conséquences des forces actives destructrices depuis la Renaissance, renforcées par la révolution de 1789. La révolution est désormais sur le point d'atteindre son sommet, maintenant qu'elle est universelle et en mesure de réaliser la désolation des désolations. Elle finira alors par se retourner contre elle-même. Ma génération, et celles qui la suivent, sont les fruits amers des deux conflits mondiaux, qui ont été l'expression des aspects profonds des idéologies révolutionnaires. Elles commencent à rendre compte de l'usage qu'elles font des fruits de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu le Père leur demande des comptes et exige raison et réparation. Elles ont un besoin urgent de vérité, même si elles l'ignorent ou la rejettent.
l'oppression d'un monde soumis aux puissances du mal, en raison de son athéisme massif et d'une apostasie de plus en plus manifeste, et qui emprunte l'autoroute de l'enfer. Le catholique reste la seule lumière dans ces ténèbres. Il est éprouvé, marginalisé, en exode dans sa propre Église et sa patrie. Il entre dans la nuit du Mont des Oliviers, celle de la déréliction et du Tombeau.
L'histoire
La création de la première particule de matière inconnue et du temps ouvre l'histoire, puisqu'ils contiennent la fin de leur substance d'origine. Ils désignent son cadre. Selon certaines écoles de pensée, elle débuterait avec l'apparition de l'écriture, mais la parole n'est-elle pas première ? Pourquoi avoir créé la paléontologie et la préhistoire si elle ne débute qu'avec l'apparition de l'écriture ? Ne peut-il être considéré qu'elle commence dès l'instant où l'homme enterre ses semblables ? Jusqu'où aller avec ces théories de l'évolution et avec ces préalables idéologiques : positivisme, naturalisme, matérialisme scientifique ? Peut-il être ignoré que c'est la Parole du Verbe qui, en actant la Pensée de Dieu le Père, ouvre l'histoire ? Pour le catholique n'est-ce pas une question logique. Adam est celui qui nomme les espèces de l'ordre animal et qui accueille Ève : "la chair de ma chair". Le mal n'est-il pas introduit dans la création par la parole d' Adam et Ève ? N'en seraient-ils pas les premiers co-rédacteurs avec Dieu ? Les versets 18 à 20 ch. 2 de la Genèse confirment qu'Adam et Ève écrivent l'histoire, puisqu'ils sont confrontés à deux constituants intangibles du réel : la matière et le temps. Ils affrontent un univers devenu hostile. Ne l'ont-ils pas blessé ? Ils ont rendu possible la formation du premier champ mémoriel interrelationnel du mal[5]. Un effondrement universel qui, sur une échelle de cent degrés, tombe à moins de cinq degrés selon les observations de la physique quantique de l'École de Copenhague.
Le Verbe incarné rétablit la primauté de la vérité et de l'amour dans la cité de l'homme. La quête de la sagesse surnaturelle est une exigence de vie pour le chrétien. Le sacrement du baptême rétablit en moi tous les possibles contenus dans les Puissances divines.
De la vérité
La vérité a son principe en Dieu. Elle s'est incarnée dans la personne humaine de Jésus de Nazareth, fils de Joseph et de Marie. Elle se perpétue par l'Église, qui rend visible la foi en Jésus-Christ, sauveur. Il n'y a pas d'équivalence entre les religions, puisque Jésus-Christ est l'unique porte du salut. Si la vérité se reçoit dans la foi, sa substance intellectuelle est la Doctrine infaillible de l'Église catholique romaine. Elle s'appréhende par la raison ; sans elle, ni la grâce, ni la foi, ni la Révélation ne sont opérantes et cohérentes, et il ne peut y avoir de doctrine. Dieu est cohérent : en se révélant, il révèle l'homme à lui-même et le sollicite pour entrer dans son mystère, ce qui n'est possible qu'avec la foi et la raison.
La création visible est une pré-révélation, comme l'enseigne saint Paul l'Apôtre : "Que la création chante la gloire de Dieu." La vérité l'illumine. Dieu se révèle à l'homme en raison du péché originel. Il lui rappelle qui il est et pourquoi il a été créé : un projet de vérité et d'amour.
La philosophie
La philosophie est un outil utile dans la quête de la vérité et pour atteindre la sagesse naturelle, mais elle n'est pas indispensable pour être uni au Christ : beaucoup de saints ne sont pas des philosophes. Elle n'est pas une science première.
La philosophie est considérée, de Descartes à nos jours, comme une science. A-t-elle toujours été perçue comme telle ? Si je me réfère aux fondateurs grecs de la philosophie, qui devaient beaucoup aux Celtes[6], ils la voyaient comme contenant toutes les sciences et leur lien, mais non comme une science en elle-même. D'où le terme philo qui signifie ami et sophia qui signifie science ou sagesse. Leur intention première était la quête de la vérité par l'observation du monde créé, du réel ; ce qui est aussi une recherche de sens. Leur quête n'était pas une option, mais le sens de leur vie. Ils étaient considérés comme des sages par l'ampleur de leurs connaissances autant que de leurs interrogations. Des mendiants de la vérité, car ils n'ignoraient pas qu'ils n'étaient, en fait, que des élèves. C'est tout le sens profond et l'intelligence de Socrate, qui se révélera lors de son procès, que rédigea Platon[7] et quelques autres. Aristote eut la même intelligence. Socrate et Aristote atteignirent un sommet de sagesse naturelle.
Évolution de la philosophie à partir du XIIe siècle
La philosophie devient chrétienne grâce à Justin le philosophe et bon nombre de Pères de l'Église, pour aboutir et s'épanouir avec l'École Scolastique, elle-même atteignant un sommet au XIIIe siècle avec saint Thomas d'Aquin[8] et Dun Scot. Elle domine l'époque médiévale. La scolastique a mis en relief toute la substance saine des philosophies païennes[9] ; elle les a purgées. Elle affrontera sa première crise le nominalisme.
Le nominalisme[10]
Le nominalisme remet en cause le fondement de la philosophie chrétienne en tant que recherche de la vérité. Il amorce une rupture entre la philosophie et la foi ou Révélation, que René Descartes et les Lumières consommeront. La Renaissance lui servira de point d'appui. Deux figures domineront ce courant : Guillaume d'Ockham, franciscain, et John Wyclif, prêtre séculier, de nationalité anglaise. En s'attaquant à la philosophie thomiste, en jetant le doute sur le bien-fondé de la métaphysique, ils poseront les bases rendant possible l'émergence des idéologies. La proposition des nominalistes limite et dévoie l'usage de la raison, ce qui aboutira à contester à la religion sa capacité raisonnable. Le refus de la métaphysique ouvrira la voie à de nombreuses hérésies postérieures, dont celle des fraticelles, celles de la Réforme-protestante et le jansénisme ainsi que le matérialisme scientifique.
Le nominalisme s'inscrit dans la lignée du néo-platonisme. Il favorisera les errances cruelles de notre époque ; son influence contribuera au développement d'une conception de la pauvreté qui s'éloigne de ses fondements évangéliques ce qui amènera " l'évangile de la libération", hérésie rendue possible avec la crise post-conciliaire de Vatican II. Il inspirera les fraticelles[11], qui, ayant à leur tête Pierre de Jean Olivi, dit Ubertin de Casale, se rendront coupables de rapines, de violences, d'assassinats, annonçant les guerres de religion, les révolutions matérialistes des XIXe et XXe siècles.
Délaissant Aristote et la philosophie scolastique, s'accrochant au néo-platonisme de Philon d'Alexandrie et Plotin, la majorité des philosophes, à partir du courant nominaliste, feront prévaloir leur propre compréhension philosophique, qu'ils répandront dans les classes dirigeantes des sociétés chrétiennes, flattant leurs faiblesses et créant des appétences pseudo-libératrices tout en évinçant les vertus chrétiennes au profit de valeurs imaginées. Les salons de la fin du XVII et XVIIIème siècles seront d'excellents réseaux sociaux pour infester la culture chrétienne, à l'exemple d'un Descartes, d'un Voltaire etc. Bien qu'ils agissent sous des formes différentes, leurs motivations sont substantiellement anti-chrétiennes.
Le nominalisme incitera à considérer la philosophie comme une science en soi, ce que renforceront tous ceux qui s'affilieront au néo-platonisme. Ils ne sont plus à la recherche ni de la vérité ni de la sagesse ; leur seul but étant d'affaiblir la civilisation chrétienne, détruire les Églises institutionnelles, car ils ressentent le besoin de s'auto-justifier quant aux actes qu'ils posent, à l'instar d'Henri VIII et Luther, d'un Hitler ou d'un Karl Marx, et d'une autre forme initiée par les dictateurs qui se recommandaient de la foi chrétienne comme Franco ou Pinochet, et aujourd'hui, d'un retour au paganisme.
Relativisme, rationalisme, poisons du néo-platonisme
Le relativiste et le rationalisme sont les manifestations très marquantes et abouties du néo-platonisme. Ces courants suscitent un esprit d'intolérance, n'acceptant pas la contradiction. Ils rejettent toute certitude, au point qu'affirmer la vérité est de plus en plus perçu comme de l'intolérance ou du dogmatisme, et veillent à ce que le contradicteur devienne inaudible[12]. Dans l'Église, depuis le Second Concile du Vatican, il s'observe la même montée de l'intolérance, qui se transforme en puissance despotique, inversant les vertus chrétiennes au profit des claires-idéologues, pouvant aller jusqu'au refus illégitime d'accorder les sacrements envers ceux qui se conforment à la discipline sacramentelle.
Ces seigneurs modernes de la pensée stérilisée, aseptisée et inféconde sont des dévastateurs de la société. Ils considèrent la vérité comme relative, voire inutile ; ils ne s'aperçoivent pas à quel point les ténèbres les enlacent. Ils imposent leurs propres règles, se constituant un cadre fermé en dehors duquel rien ne vaut, et dans lequel, il ne peut être énoncé que des propositions en lien avec leurs idées. Dans cette zone de repli de l'intelligence et de malveillance, ils cultivent par trituration des éléments parcellaires de la vérité, et mettent en accusation ceux qui s'opposent à eux, au nom d'un intérêt général de leur conception[13]. Ne souffrant aucune opposition, ils génèrent des révolutions et des génocides.
Ces pyrrhiques de la raison triomphent dans leurs apanages médiatiques et, aujourd'hui, dans hiérarchie institutionnelle de l'Église catholique. Des agités tragiques du bocal. Il se comprend, pourquoi la métaphysique n'est plus guère enseignée, puisqu'elle impose l'autorité de la vérité du réel, à laquelle s'opposent ces philosophes et idéologues de la nuit sans étoile. La médiocrité est comme la mauvaise herbe, elle ne demande qu'à s'épandre telle l'ambroisie.
Descartes : l'Attila de la chrétienté
René Descartes, en coupant les liens de la philosophie avec la théologie, en introduisant le concept du relativisme par le doute raisonnable, abolit l'autorité de la vérité du réel. C'est le tournant le plus dévastateur qui fut contre la culture chrétienne. Il renverse également la métaphysique avec son célèbre : "Je pense, donc je suis" en plaçant l'existence avant l'essence c'est-à-dire, l'homme avant Dieu. Ce qui revient à dire que l'homme est sa propre cause, la source même de son existence. En poursuivant son raisonnement, les handicapés mentaux de naissance n'ont donc pas d'existence, puisqu'ils n'ont pas l'autonomie de la pensée, et ceux, qui l'ont perdue cessent d'exister, même si avant leur mauvaise santé, ils existaient. C'est ce qui a fondé l'idéologie nazie. En conclusion, il accorde une légitimité morale à tous les génocides et génocidaires. Il actualise les possibles du péché contre l'Esprit de vérité au cœur de la société chrétienne et contre la vie en son début et en sa fin. Il étend et introduit dans l'Église le champ mémoriel interrelationnel qu'Ève a ouvert en conversant avec le Serpent du Jardin d'Éden. Le prince du mensonge.
Duns Scot, le zélateur de l'Immaculée Conception
Duns Scot[i] était un franciscain, faisant partie de l'élite de l'École Scolastique. Il a fondé les bases théologiques de la définition du dogme de l'Immaculée Conception. Cependant, il est injustement considéré comme nominaliste bien qu'il en fût totalement éloigné. Une accusation mensongère, qui a pour cause sa contribution au dogme de l'Immaculée Conception que le Corps Mystique appelait de ses vœux. La prévention à son égard persiste dans l'Église, soit par ignorance, soit de manière intentionnelle, car sa dévotion mariale dérange. La Renaissance, ainsi que les Lumières et les Encyclopédistes en s'attaquant à l'époque médiévale, visaient les figures comme saint Thomas d'Aquin et Duns Scot, car leurs enseignements donnaient la matière à les contenir, à affaiblir leurs effets nocifs.
De la raison
La raison devient une mécanique déviante sans l'autorité de la vérité. Elle se transforme en un quant à soi méphistophélique. Faut-il s'étonner que des universitaires de Rome aient osé refuser l'entrée du Pape Benoît XVI, l'empêchant de poursuive son plaidoyer pour la légitimité de la religion d'user de la raison[14] ? Il aura pourtant démontré que la fondation des universités, voulue par l'Église, s'appuyait sur cette nécessité d'exercer la raison, tant dans le domaine de la philosophie et dans celui de la foi.
Quel est le principe sur lequel s'appuient ceux qui dénient à la religion catholique l'emploi de la raison ? Est-ce la crainte que leurs erreurs soient mises en lumière, et que leur prestige s'effondre ? Ils n'ont aucun argument valable qui puisse justifier leur position, ni de fondement philosophique : le "Logos désigne à la fois la raison et la parole – une raison créatrice et capable de se communiquer, mais justement comme raison[15]". Dénier au croyant l'usage de la raison, au prétexte qu'elle serait incompatible avec la foi, revient à nier sa propre capacité intellectuelle. Jésus de Nazareth, dans ses controverses avec les pharisiens, offre une démonstration magistrale de la relation entre raison et foi.
Écoutons ce que nous enseigne le Pape Benoît XVI sur le sujet : "Il était clair qu’elles aussi – les universités – en s'interrogeant sur la foi, dont la réflexion est le travail des théologiens, devaient considérer qu'il était nécessaire et raisonnable d’interroger Dieu au moyen de la raison et de le faire en relation avec la tradition de la foi chrétienne." Les pharisiens n'ont pas cessé d'interroger Jésus, et c'est par la raison qu'Il les a contrés. Ceux qui dénient le lien de nécessité entre la raison et la foi atteignent un point de rupture quasi irréversible avec la vérité. Ils ne rejettent pas seulement la Révélation, mais adoptent une approche réductrice et inversée de l'homme.
Il est pertinent de parler de péché contre l'Esprit, car cela relève d'un refus raisonné de la vérité, en refusant de reconnaître chez le croyant sa capacité à accueillir la vérité et à la comprendre. Sans l'usage de la raison, il est impossible de faire ressortir la vérité de l'objet ou du sujet ; or, l'homme est ordonné à la vérité, il est donc raisonnable. De nombreuses religions, comme l'islam, excluent l'usage de l'analyse et de la raison, et l'humanité en souffre, car rien n'est plus redoutable que les fondamentalismes. Le seul moyen intellectuel de les contrer est l'usage de la raison. Cette tendance se retrouve dans la hiérarchie de l'Église et s'affirme au tour des conclusions du synode sur la synodalité.
La compréhension de la Révélation nécessite à la fois la théologie et de la philosophie, et toutes deux disciplines ont besoin de la raison. La vérité est une maîtresse exigeante qui se donne totalement, mais exige aussi que nous nous donnions sans réserve. Refuser de reconnaître chez le croyant sa capacité à faire usage de la raison procède d'une forme très violente de despotisme intellectuel et religieux. Cela porte atteinte à la Gloire de Dieu présente en l'homme : "Mais en même temps, il est vrai que le message de la foi chrétienne n'est jamais seulement une 'comprehensive religious doctrine' […], mais encore une force purificatrice pour la raison elle-même, […]. Le message chrétien, en vertu de son origine, devrait toujours être un encouragement en vue de la vérité et une force contre la pression du pouvoir et des intérêts." […] Le danger pour le monde occidental – pour ne parler que de lui – est aujourd'hui que l'homme, eu égard à la grandeur de son savoir et de son pouvoir, baisse les bras face à la question de la vérité. Et cela signifierait en même temps que la raison, en définitive, se plierait face à la pression des intérêts et à l'attraction de l'utilité, contrainte de les reconnaître comme critères ultimes.[16]."
La raison est le piolet de la vérité et le ciseau de l'intelligence. Un intellectuel catholique est l'orfèvre de la vérité. Refuser de reconnaître que tout homme, quelles que soient ses convictions, puisse en faire usage, témoigne d'un déficit d'espérance et d'espoir, et d'une peur qui prend racine dans le mensonge.
De la vérité
Si la philosophie n'est plus une recherche de la vérité, à quoi sert-elle ? Elle est ce qui me relie à la création, à moi-même et à la société. Elle est en moi à l'instant de mon animation, c'est pourquoi, il lui est ordonné. Elle demande à être recherchée.
La Cause Première, qui est Dieu, est Vérité. Il est son principe. L'homme n'est-il pas créé par elle et en elle ? Il ne se donne de l'être que ce qui est de sa nature. Dieu est l'Être et vérité. Sans elle, il n'est pas possible d'être libre, ce qui induit qu'elle structure la personne que je suis : " …la vérité éclaire l'intelligence et donne sa forme à la liberté de l'homme, qui, de cette façon, est amenée à connaître et à aimer le Seigneur[17]." Elle ne peut le structurer sans l'usage de la raison.
Les athées, les mondains et les apostats se perdent dans la question de Pilate : "Qu'est-ce que la vérité ?". Une question, qui, si elle reste rhétorique, se transforme vite en gouffre mortel. Ils n'entrent pas dans le silence de Jésus. Ce silence laisse le mondain en deçà du parvis du Temple, toutefois, Jésus le charge de vérité et d'amour. Le fidèle le fait sien face au monde, oppose un mur infranchissable de puissance morale et surnaturelle. N'est-ce pas la raison du martyre de Thomas More face aux dérives immorales d'Henri VIII ?
La puissance de la Parole naît du silence de Dieu qui s'installe en nous par la contemplation ; Dieu est d'abord silence, puisque sa Pensée précède sa Parole créatrice. Les trois Personnes de la Très Sainte Trinité, Dieu Unique, se tenaient dans le silence de l'amour fécondant avant que tout ce qui devait être soit. La spiration d'amour et de vérité entre les trois Personnes est y atteignable pour nous, mais son rayonnement nous touche, tout en demeurant une non-connaissance[18]du révélé.
Cette question, « Qu'est-ce que la vérité ? », nous sollicite jusque dans nos tripes, notre réponse détermine la nature de notre immortalité.
Jésus ne s'affirmerait pas comme le Chemin et la Vérité s'Il me savait incapable de le suivre. Il serait cruel qu'Il l'affirme en sachant que je ne peux Le suivre sur la voie qu'Il a prise pour moi. Or, c'est par la vérité et l'amour que je peux Le suivre donc, j'en suis capable. Dieu ne me commande pas ce qui m'est impossible. Toutefois, depuis le péché originel, je ne peux pas agir sans la grâce.
Le dialogue entre Adam, Ève et Dieu, au soir de la consommation du péché, démontre que je suis capable de vérité ; autrement, je ne serais pas à l'image de mon Créateur, et je ne pourrais pas le voir tel qu'Il est dans la vision béatifique. Dieu n'aurait pas fait la Promesse du salut. La vérité est unique, puisque son principe est en Dieu : "Je suis le chemin, la vérité et la vie". Dans la création, elle se manifeste sous des formes et des substances différentes. En la recherchant, elle vient à nous, comme en témoignent Socrate, Aristote, saint Charles de Foucault, saint Augustin d'Hippone, saint Thomas d'Aquin. Si je ne la recherche pas, je perds le sens de ce que je suis, car le mensonge prend sa place. Je me retrouve alors dans la posture d'un visiteur de musée, figé devant un tableau la représentant, sans jamais la comprendre ni la faire mienne. Une esthétique froide, inféconde.
Il ne m'est pas possible de désirer la vérité si elle ne fait pas intrinsèquement partie de mon être, de ma personne, dès le premier génome : "Aucun homme ne peut se dérober aux questions fondamentales : Que dois-je faire ? Comment discerner le bien du mal ? La réponse n'est possible que grâce à la splendeur de la vérité qui éclaire les profondeurs de l'esprit humain, comme le dit le psalmiste : "Beaucoup disent : Qui nous fera voir le bonheur ? Faites lever sur nous, Seigneur, la lumière de votre face" (Ps 4,7)." De même que nul ne peut aimer s'il n'a pas l'amour en lui. Le Pape saint Jean-Paul II écrit : "La splendeur de la vérité se reflète dans toutes les œuvres du Créateur et, d'une manière particulière, dans l'homme créé à l'image de Dieu.[19]" Le mensonge détruit le menteur aussi pernicieusement qu'une tumeur maligne.
Certaines lois, comme la Loi Veil (IVG), la Loi de Bioéthique, ainsi que toutes celles qui s'opposent la Loi Naturelle, démontrent que les débats sur ces sujets ont été délibérément faussés par la manipulation de la vérité et le refus d'une argumentation posée par la raison. Depuis l'hérésie de la Réforme-protestante, les puissances qui se réclament de la démocratie œuvrent à la destruction de nos libertés; notamment celles liées à notre conscience morale et surnaturelle.
Socrate et Aristote ont eu la grâce de reconnaître l'existence de Dieu, l'Unique, par leur droiture. La Révélation, de Moïse au dernier apôtre a ouvert des horizons nouveaux, une évolution qui fit dire à saint Augustin : "… la vérité signifie davantage que le savoir ; la connaissance de la vérité a pour objectif la connaissance du Bien." La vérité et l'amour ont tous les deux un lien de nécessité. Ils forment le sceau de l'homme de bien et surtout de l'homme de Dieu. Ils nous donnent le goût du ciel : " De ce fait, la réponse décisive à toute interrogation de l'homme, en particulier à ses interrogations religieuses et morales, est donnée par Jésus-Christ lui-même, comme le rappelle le deuxième concile du Vatican : "En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné." Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation.[20]"
La vérité n'est pas relative. Elle est ou n'est pas. L'Absolu n'est pas relatif : "Que ton oui soit oui et que ton non soit non".
Pourquoi, devrais-je me soumettre à ce qui est contraire à la vérité et à la Révélation ? Le relativisme est une longue agonie de l'intelligence et de l'âme. Il fait prisonnier du doute ceux qui y adhérent. Le doute n'est pas une méthode de recherche de la vérité, mais un venin.
Le pape Benoît XVI dénonce la rupture entre la philosophie et la théologie : "Deux disciplines distinctes, qui doivent entretenir entre elles des relations sans confusion ni séparation". La théologie utilise la raison pour explorer le contenu de la Révélation, élargissant le champ d'investigation de la philosophie. Celle-ci veille, quant à elle, à ce que la pensée chrétienne ne verse pas dans l'irrationnel. La rupture entre la philosophie et la théologie a des conséquences qui se prolongent jusqu'à nous. Nos philosophes de la rupture sont enfermés dans des contradictions insurmontables, qui les poussent toujours plus vers le rejet de la Révélation et le dénigrement de l'Église. Une fuite en avant suicidaire. Ils distordent la vérité des faits de l'histoire pour justifier leur haine du Christ comme ces lamentables pseudo-philosophes de pur-sang médiatique, incarnant le magistère du déni de la rigueur intellectuelle et de la vérité avec la séduction glacée d'un Méphisto.
Les souffrances physiques, morales et psychiques résultent en grande partie de cet entêtement à refuser la vérité. La montée des violences dans les sociétés en est l'illustration. Il est déplorable de constater que, parmi a hiérarchie de l'Église, cette rupture persiste et continue d'entraîner des conséquences désastreuses et destructrices. Le récent synode sur la synodalité annonce une extension de l'effondrement métaphysique universel.
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[1] Il est considéré comme le Père fondateur de l'École Scolastique.
[2] St Jean-Paul II, Pape, Veritatis Splendor – encyclique.
[3] Extrait du discours du Pape Benoît XVI qu'il devait prononcer à l'université La Sapienza de Rome, fondée par le Pape Boniface VIII.
[4] Jean 8, 32
[5] Le champ mémoriel inter-relationnel du mal est la conséquence immédiate du péché originel ou collapsus de la création. Il est la pierre du mal introduit dans notre monde à partir de laquelle d'autres champs de cette nature vont se constituer selon l'intention de l'homme de péché. La Passion de Jésus-Christ ne les a pas supprimés, mais Il nous donne les moyens de nous en défendre par une surabondance d'amour et de vérité.
[6] Selon le témoignage des penseurs présocratiques
[7] Cf. Le procès de Socrates rapporté par Platon.
[8] Toutefois, si l'œuvre de saint Thomas ne contient aucune erreur doctrinale, il est évident que son œuvre reste ouverte et, qu'en philosophie elle est inachevée et souffre d'erreurs liées au manque de connaissance scientifique. Il est bon de rappeler, que le Magistère infaillible de l'Église n'a toutefois pas donné un sceau d'infaillibilité à l'œuvre gigantesque de saint Thomas.
[9] C'est saint Anselme de Cantorbéry, Auteur du Monologion et du Proslogion, qui fonda avec d'autre la scolastique, qui consistait à prendre ce qu'il y avait de bon et de juste dans les philosophes grecques afin de comprendre et d'expliquer la Révélation. Il fut fait docteur Magnifique. La scolastique n'a jamais eu l'intention de christianiser une culture élevée sur le paganisme. L'Église a considéré avec raison que le Saint Esprit avait soufflé chez les grecques qui avaient les disposition à comprendre la création par une démarche naturelle.
[10] Le courant nominaliste voit le jour dans l'ombre de l'alliance Hanséatique et après la bataille de Bouvines. Ces événements sont dans la roue de la première étape pratique des sociétés secrètes anti-chrétiennes en vue d'un messianisme politique et mondial. Quand trois événements convergent vers le même but, affaiblir la chrétienté catholique, il ne s'agit ni de hasard ni de coïncidence.
[11] Est une dissidence des franciscains, dits les spirituels, certains refusèrent de se soumettre à une normalisation de l'ordre, et tombèrent dans la violence. Ils peuvent être considérés comme les prémices des révolutions matérialistes.
[12] C'est ce qui se passe en ce moment au Vatican en vue de la clôture du synode sur la synodalité : l'occupant illégitime du Siège de Pierre a inventé sept nouveaux péchés graves qui accuse celui qui défend la Doctrine. C'est le retour du sanhédrin.
[13] Cf. Les vies de Descartes, occultiste, de Marx et d'Engels vouées aux puissances du mal : Karl Marx et Satan de Richard Wurmband ed. Apostolat des Éditions
[14] Le Pape Benoît XVI devait se rendre, le 17/01/08 à l'université La Sapienza à Rome, que l'Église a fondée en 1303 sous l'autorité du Pape Boniface VIII. Il en fût empêché par des professeurs qui avaient à leur tête l'un des conseillers du pape François ?
[15] Pape Benoît XVI, discours à l'université de Ratisbonne
[16] Pape Benoît XVI, discours non reçu à l'université de La Sapienza.
[17] Pape st Jean-Paul II, Veritatis Splendor
[18] Ce terme désigne la frontière infranchissable de la connaissance d'un objet ou sujet, elle n'est franchie que par l'âme bienheureuse.
[19] Idem
[20] St Jean-Paul II, pape, Veritatis Splendor n° 2, encyclique.
[i] "Jean Duns Scotus, fait bienheureux, par le Pape saint Jean-Paul II : "Chantre du Verbe incarné et défenseur de l'Immaculée Conception". « L’Angleterre l'accueillit ; la France l'instruisit ; Cologne, en Allemagne, en conserve la dépouille ; c'est en Écosse qu'il naquit ».
[..]Enfin, Duns Scotus a développé un point à l’égard duquel la modernité est très sensible. Il s’agit du thème de la liberté et de son rapport avec la volonté et avec l’intellect. Notre auteur souligne la liberté comme qualité fondamentale de la volonté, en commençant par un raisonnement qui valorise le plus la volonté. Malheureusement, chez des auteurs qui ont suivi le nôtre, cette ligne de pensée se développa dans un volontarisme en opposition avec ce qu’on appelle l’intellectualisme augustinien et thomiste. Pour saint Thomas d’Aquin, qui suit saint Augustin, la liberté ne peut pas être considérée comme une qualité innée de la volonté, mais comme le fruit de la collaboration de la volonté et de l’intellect. Une idée de la liberté innée et absolue — comme justement elle évolue après Duns Scotus — située dans la volonté qui précède l’intellect, que ce soit en Dieu ou dans l’homme, risque en effet de conduire à l’idée d’un Dieu qui ne serait même pas lié à la vérité et au bien. Le désir de sauver la transcendance absolue et la différence de Dieu par une accentuation aussi radicale et impénétrable de sa volonté ne tient pas compte du fait que le Dieu qui s’est révélé en Christ est le Dieu « logos », qui a agi et qui agit rempli d’amour envers nous. Assurément, comme l’affirme Duns Scotus dans le sillage de la théologie franciscaine, l’amour dépasse la connaissance et est toujours en mesure de percevoir davantage que la pensée, mais c’est toujours l’amour du Dieu « logos » (cf. Benoît XVI, Discours à Ratisbonne, Insegnamenti di Benedetto XVI, II [2006], p. 261 ; cf. ORLF n. 38 du 19 septembre 2006). Dans l’homme aussi, l’idée de liberté absolue, située dans sa volonté, en oubliant le lien avec la vérité, ignore que la liberté elle-même doit être libérée des limites qui lui viennent du péché. De toute façon, la vision scotusiste ne tombe pas dans ces extrêmes : pour Duns Scotus un acte libre découle du concours d'un intellect et d'une volonté et s'il parle d'un « primat » de la volonté, il l'argumente exactement parce que la volonté suit toujours l'intellect." Enseignement du Pape Benoît XVI – audience générale du 7/07/2010 à Rome. https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100707.html
Il se comprendre les limites de l'homme même de bonne volonté, et le mauvais vouloir de certains qui ont tendance à interpréter un auteur selon leurs appétences personnelles sans se soucier de l'enseignement du magistère de l'Eglise Catholique. Le bienheureux Jean Duns Scotus ne fut pas un acteur de la crise du nominalisme, et fut un soutien inconditionnel de la fidélité au successeur légitime de Pierre.
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