top of page
Photo du rédacteurPierre Aubrit

LES SAINTS DE FRANCE DU MOIS D'AOÛT : 6/08



SAINT STAPIN DE DOURGNE, CONFESSEUR,

ÉVÊQUE PRÉSUMÉ DE CARCASSONNE (VIIe OU VIIIe siècle).

 

Gérard de Vic, dans son Histoire des évêques et des événements mémorables de l’Eglise de Carcassonne (1666), ajoute un supplément consacré aux évêques de ce même siège, dont la vie ne porte pas de date précise, assurant que ce supplément est extrait d’une ancienne série de ces mêmes évêques, décrite en 1352, d’après un martyrologe plus ancien encore dont se servait l’Eglise de Carcassonne du vivant de ce biographe. « Dans cette série », dit le texte, « figure saint Stapin, originaire de Dourgne, diocèse de Lavaur, honoré depuis fort longtemps comme saint dans son pays natal, ainsi qu’à Ventenac, diocèse de Carcassonne, et dans cette ville même, au cimetière de Saint-Vinant. Nous y voyons encore aujourd’hui une chapelle qui attire une grande affluence de personnes empressées d’y assister aux saints offices et d’y vénérer les reliques de ce pontife, le 6 août, jour où se célèbre sa mémoire. Ce Saint est encore honoré, sous le titre d’évêque de Carcassonne, dans quelques contrées de la Germanie ». C’est vraisemblablement dans ce martyrologe que Mgr de Bezont, évêque de Carcassonne, trouva le nom de saint Stapin, puisqu’il inséra ce saint évêque parmi ses prédécesseurs dans le rituel qu'il donna en 1764.

Joseph Seraentius, religieux de Milan, dit, dans sa Biographie de saint Stapin, rapportée par les Bollandistes, que saint Stapin a un autel à Milan, dans l’église de Sainte-Marie-Secrète des révérends Pères Somasques, et qu’on y célèbre tous les ans sa fête avec une pompe solennelle, ainsi que dans plusieurs autres lieux de l’Italie ; que, par un bref donné à Rome en 1671, le pape Alexandre VII accorde de nombreuses indulgences à une Confrérie d’hommes et de femmes sous le patronage de saint Stapin, établie à Lyon, dans l’église des Pères Augustins, faubourg de la Croix- Rouge ; qu’enfin, Mgr de Tulle, évêque de Lavaur, signa de sa propre main, le 7 juin de l’année 1663, un témoignage authentique en faveur du culte de saint Stapin dans la paroisse de Dourgne, et qu’un semblable témoignage fut rendu aussi, le 2 juin de la même année, par Mgr d’Anglure de Bourlemont, évêque de Castres.

Sementius rapporte plusieurs autres faits qu’il assure avoir recueillis lui-même des monuments de l’Eglise de Carcassonne et d’une antique tradition répandue dans les contrées voisines. Ilparle de la vie solitaire de saint Stapin sur une montagne non loin de Dourgne, de sa renommée dans le pays d'alentour, de l’affluence du peuple vers lui. Il raconte qu’il fut élevé de sa retraite à la chaire épiscopale de Carcassonne; que cette élection fut saluée par un applaudissement unanime; qu’il accepta cette charge sacrée pour obéir à une révélation divine, et qu’il l’orna par ses vertus. De plus, une tradition constante nous confirme que saint Stapin, après avoir mené une vie pénitente et solitaire dans un vallon de la montagne de Dourgne, fut élevé au siège épiscopal de la ville de Carcassonne.

Mgr de Royères, évêque de Castres, et M. Fons, curé de Saint-Germain, exilés en Portugal durant la Révolution de 1793, trouvèrent, dans l’abbaye de Arlobassa, une image représentant saint Stapin, évêque, honoré le 6 août, puissant pour obtenir la guérison des maux de jambes, patronus in podagra. Ce souvenir de la patrie émut vivement les deux exilés. Ils apportèrent cette image, qu’on conserve précieusement à Dourgne.

Quant à l’époque où il a vécu et où il a dû occuper le siège de Carcassonne, des auteurs recommandables croient que ce fut dans l’intervalle de 683 à 788.

L’usage des premiers temps était de béatifier dans un synode de tous les évêques de la province, présidé par le primat. C’est de cette manière, nous apprend Gérard de Vic, que furent béatifiés, selon toute apparence, onze évêques de Carcassonne, que la plus haute antiquité place au rang des Saints. Dans ce nombre, on remarque saint Stapin, dont l’auteur parle plus au long que des autres.

Depuis 1532, saint Stapin est honoré d’un culte particulier, comme patron secondaire, à Dourgne, bourg situé au pied de la Montagne-Noire, chef-lieu de canton dans le département du Tarn, et à Ventenac, paroisse du canton d’Alzonne, département de l’Aude. Dans l’une et l’autre de ces deux paroisses, on célèbre sa fête le 6 août. A Dourgne comme à Ventenac, cette fête, qui se fait avec une grande solennité, attire tous les ans un grand nombre de pèlerins qui viennent solliciter par leurs prières la protection de saint Stapin, et demander la guérison de quelques infirmités corporelles. Il y a à Dourgne une église dédiée à ce Saint, dont la construction paraît remonter à l’année 1666. Cette église est distante d'un kilomètre de la ville, sise au bas de la montagne, dans un riant vallon. C’est là que se font les offices solennels le jour de la fête, et le soir on revient en procession, avec le Très-Saint-Sacrement, à l’église de Dourgne.

Dans les archives de cette église on conserve avec soin les attestations qui ont été données par les personnes elles-mêmes qui ont éprouvé le bienfait de la protection de notre Saint. D’ailleurs, les ex-voto nombreux qui ont été déposés dans sa chapelle seront là toujours comme un signe de la vive reconnaissance des infirmes soulagés et comme un monument impérissable des miracles qu’a faits saint Stapin[1].

 

Nous devons cette notice à l’obligeance de M. l’abbé Jauzion, curé de Dourgne.


[1] Quand le diocèse a voulu revenir à la liturgie romaine, M. le curé de Dourgne a été obligé de faire de nouvelles investigations pour constater la légitimité du culte de saint Stapin. Mgr l’archevêque d'Albi, à qui il soumit le résultat de ses recherches, lui écrivit, le 1er juin 1860 :

« Monsieur le curé, les documents que vous avez recueillis dans le but d’établir la légitimité du culte rendu à saint Stapin, m’ont paru concluants. Après les avoir examinés avec attention, je ne doute pas que la paroisse de Dourgne, aux termes des décrets d'Urbain VIII, ne soit en droit de conserver un culte qui lui est aussi cher par les grâces dont il est la source, que vénérable par son antiquité : « Je vous félicite, Monsieur le curé, de votre zèle pour les pieuses traditions de votre paroisse, et je forme des vœux pour que la dévotion à saint Stapin serve à ranimer parmi les fidèles la foi et la piété chrétiennes, que l’esprit du siècle tend toujours à affaiblir. + Eugène, archevêque d'Albi ».

Comments


bottom of page