"Résister : une obligation de dignité"
1er partie
AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR
Je propose une réflexion sur ce que peut être l’action du résistant-chevalier, le résistant chrétien face à une situation ne ressemblant à rien de connu à ce jour. Les armes que nous employons ne sont pas celles utilisées jusqu’à présent, car la nature de la résistance est de l’ordre moral et surnaturel.
J’aborde les thèmes suivants : l’étymologie du mot résistance ; nature et forme de la résistance ; les synergies de la résistance ; l’Eglise Sainte – une hiérarchie indigne, le successeur de Pierre ; la mémoire ontologique, un enjeu métaphysique et une urgence de la défendre ; la Renaissance source de tous les maux de l’Age- Moderne ; le mondialisme, un mal absolu ; résister, un combat de dignité ; comment, avec qui et quoi.
J’identifie les enjeux surnaturels et l’inévitable confrontation entre l’homme de justice et les puissances de destruction universelle. La résistance défend la Loi Naturelle et la Loi Morale, elle entreprend de redonner la priorité au Souverain Bien en réintégrant la poursuite du Bien Commun. Un combat d’hommes libres. Le résistant affronte le vent mauvais, il dit non au mondialisme. C’est là une nécessité morale et surnaturelle.
ESPRIT DE LA RÉSISTANCE
Étymologie
Les mots résistance et résister ont la même racine ind. eur. (sta-, ester). Elle qualifie à l’origine et au sens populaire, le fait de se tenir debout physiquement : le courage physique. Au XIIIème siècle apparaît le verbe résister, il intériorise le sens. Il s’agit d’une manière de se tenir face à l’adversité. Le chevalier médiéval lui donne ses lettres de noblesse. Il considère la victoire procédant d’abord des vertus qu’il s’efforce d’acquérir.
Résister est un concept universel basé sur les vertus morales pour un chrétien s’ajoute les grâces surnaturelles. Un engagement qui exige notre liberté puisqu’il oblige au bien et à l’amour du prochain. Le libre-arbitre est outre-passé puisque le sujet choisit non entre un mal et un bien, mais entre deux biens pour s’opposer au mal. L’homme de liberté dit non. Il est.
Le non-chrétien appuie sa résistance sur la Loi Naturelle, développant son sens inné du Bien Commun, mais ses possibles issus des trois Puissances de l’âme sont restreints tandis que pour le baptisé, il a la plénitude des possibles, il est surnaturellement engagé à lutter contre le mal, et à se mettre au service du bien.
Le résistant chrétien :
Le résistant-chevalier chrétien s’appuie sur les vertus théologales et cardinales pour se mettre au service du prochain et respecter son ennemi : « l’homme vivant est la Gloire de Dieu[1] ». Tout homme a la dignité d’enfant de Dieu. Ses actes ont des conséquences naturelles et surnaturelles sur l’ensemble des hommes et la création par la grâce de communion au moyen de la mémoire-inter-relationnelle qui dépend de la Memoria dei. Descendant de ses prédécesseurs médiévaux, il n’en est pas moins de notre temps. Sa Maison souveraine est la grotte de la Nativité, l’écrin de toutes les vertus. Cet absolu le porte au don de sa vie. Il n’agit pas contre quelque chose ou quelqu’un, mais pour une cause fondée sur le Bien Commun, il rejoint le Bien-Souverain. Il est sur la crête, il en descend pour faire monter les hommes à sa suite. Il durcit son visage comme pierre. Est-il enchaîné, maltraité, avili, son infécondité n’est qu’apparente, elle est surnaturelle, indépassable. C’est la démarche de saint Maximilien Kolbe, faisant reculer le tortionnaire en s’avançant pour prendre la place d’un père de famille, condamné à mourir de faim et de soif.
Les inversions de la résistance
Le terrorisme n’est pas de la résistance, mais son inversion dans le mal. Son action est criminelle. Il développe un irascible qui le conduit à toutes les formes extrêmes de la violence, qu’il justifie derrière un engagement qui n’a aucune légitimité morale. Il est l’ennemi de tous et le sien bien d’avantage. Il développe une appétence à la barbarie : le plaisir de dominer par la destruction. Sa conscience morale est à ce point atrophiée qu’il n’a pas d’autre voie que de s’exposer à la mort. Le révolutionnaire n’est pas autre chose, comme l’illustre l’histoire génocidaire de la révolution de 1789.
Prétendre offrir sa vie pour justifier le sacrifice d’innocents au nom de Dieu, au nom de l’État, au nom d’une idéologie, procède d’une intention transgressive. Le terroriste ou le révolutionnaire se réduit à l’acte posé. Il sort de l’humanité.
Les synergies de la résistance
Le mot synergie provient de la racine ind. eur. Verg- worg- qui a pour sens agir. En grec cela donne ergon signifiant action et réaction par le travail, la même racine donne « orgue » l’instrument de musique qui se répond à lui-même.
Un mouvement de résistance déclenche des réactions successives : ce sont les synergies. Tout action produit son effet dont la qualité morale et spirituelle dépend de l’intention et des moyens utilisés. Dès la constitution d’un mouvement de résistance, il se forme un rayonnement mémoriel-inter-relationnel[2] par le seul fait de penser le projet, qui se concrétise quand une seconde personne le rejoint. L’intention et les moyens utilisés déterminent la qualité morale et spirituelle de l’esprit de résistance. Un mouvement de résistants est toujours illégal, car il refuse une situation donnée qui s’appuie sur la loi et des convenances sociales. Il se perçoit comme dangereux puisqu’il remet en cause l’ordre établi. S’il y a une résistance, c’est que ceux qui détiennent les pouvoirs sont perçus comme n’ayant plus de légitimité dans l’ordre du Bien Commun, de la morale et dans l’ordre surnaturel. La loi ne définit pas la légitimité pas plus qu’elle ne l’accorde. La légitimité a un principe qui procède d’un ordre supérieur touchant le Bien Commun pour le non-chrétien, mais pour le chrétien, il procède d’un principe d’autorité qui est en Dieu, le Bien Souverain.
Si l’intention des résistants est contraire à la Loi Morale Naturelle, aux Commandements de Dieu, le rayonnement émis par la mémoire-inter-relationnelle s’inverse, il quitte la communion des saints et devient champ morphique. La communauté de résistants subit le siège des esprits mauvais qui la divisent et la poussent à des actes peccamineux, graves, comme ce fut le cas pour le réseau de résistants qui provoqua la tuerie d’Oradour sur Glane[3].
Les synergies successives s’imprègnent de l’intention d’origine et se relient à la mémoire-inter-relationnelle originelle. Elles se développent à partir du premier noyau. L’émergence du chef découle d’une autre synergie : l’intelligence collective. Sa première influence vient de qu’elle rabote les egos, ordonnant chacun et la communauté au respect de l’autre, elle tire le meilleur de chacun. Elle sous-tend les décisions, elle alimente et dynamise la fraternité interne à la communauté.
Toute organisation génère ses propres synergies, ce qui provoque des oppositions. Le résistant est naturellement un opposant, donc la cause d’un désordre nécessaire pour briser les liens d’aliénation moraux et surnaturels qui enserrent la société. C’est une synergie de heurts. Ces situations, précipitées et tendues par l’action, peuvent devenir une source de tentations et dévoyer le mouvement. Il convient d’identifier ces nouvelles synergies. Soit il s’agit de pièges, soit d’opportunités. Afin d’éviter les chocs internes, il y a la nécessité que le groupe désigne un but supérieur, difficile à réaliser, mais en prise avec le Bien Commun, ce qui permet de maintenir la dynamique de l’intelligence collective, et de renforcer la fraternité. Il doit être difficile à réaliser, mais pas impossible.
Un réseau de résistants génère deux mouvements contraires : l’un centripète et l’autre centrifuge. D’où l’impérieuse nécessité de renforcer la cohésion du groupe en s’appuyant sur la prière commune afin que l’amour de charité et la vérité soient toujours le cœur de la communauté. Elle sera protégée des puissances mauvaises surnaturelles. Le réseau ne doit compter que sur la Providence, ne rien attendre ni solliciter des hommes de pouvoir, ni d’aucun organisme. En effet, les puissances des ténèbres sont aux aguets et en alerte pour tout corrompre. Le résistant qui demeure en Dieu, Dieu agit en lui et pourvoit au nécessaire, Il ordonne sa Providence.
En ces jours sinistres, douloureux, de nombreux mouvements de résistance se trouvent sous la pression des puissances qu’ils pensent combattre. Ils attirent sur eux bien plus que la simple vigilance des pouvoirs en place. La manipulation en leur sein est totale. C’est pourquoi, la résistance politique selon le schéma classique est dépassée et vouée à l’échec. Rien, en effet, dans ce domaine, ne répond à un projet de société qui se calquerait sur celui de Dieu, car la corruption est si prégnante qu’elle est devenue une culture d’autant qu’elle est multiforme.
La politique est l’un des lieux de l’empire du mal. La résistance ne peut être de nature politicienne et certainement pas partisane ni idéologique. Elle ne peut pas entrer dans un débat de cette nature. Ces mouvements de résistance entretiennent l’illusion de l’action pour de bien grandes déceptions qui favorisent l’irascible. Ils n’ont pas d’ossature spirituelle, ils sont dominés par les affects qui prennent le pas sur leur raison. Ils se refusent à toute autorité incarnée en une personne, mais il ne peut y avoir d’action sans un principe d’autorité visible : un chef. La démocratie a toujours été le meilleur allié des dictatures. Il est impératif de reconnaître et d’intégrer le Principe surnaturel de l’autorité[4]. Si ces mouvements se refusent à adhérer à une idéologie, ils doivent alors rédiger une doctrine ce qui induit, pour son application, un principe visible et incarné de l’autorité.
( à suivre... Église Sainte - hiérarchie indigne)
________________________________________________ [1] Saint Irénée [2] Il s’agit d’un champ de rayonnement propre à l’homme et qui interfère sur toute la création, puisque l’homme en est la cause finale naturelle, le roi. [3] Une équipe de « résistants », peu économes de la vie d’autrui, s’attaqua à un contingent de militaires allemands blessés, sans consigne de leurs supérieurs, tuant et torturant les blessés sans que ceux-ci aient pu seulement se défendre. Toutes les règles de la guerre ont été bafouées. Sans justifier le carnage qui s’en suivit, il aurait été juste d’arrêter et de juger ces résistants canailles, ayant un besoin de se prouver qu’ils existaient. Il est évident que ces résistants se sont, de par leurs actes, identifiés à leur ennemi, puisqu’ils se sont faits ennemis de l’humanité. (Ce récit m’a été donné par des témoins directs et acteurs en amont de cette tragédie et de la scène d’attaque des résistants contre les Allemands en train de se replier, et d’autres témoignages indirects qu’ils tenaient de prêtres et de témoins directs décédés dans les années cinquante.) Je ne peux douter de l’intégrité morale de mes sources. [4] Cf. Les encycliques du Pape Léon XIII.
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